Pourquoi
les journalistes français sont-ils, dans leur très grande majorité, si mal payés pour leur travail, alors que
beaucoup d’entreprises bénéficient d’importantes subventions publiques ? C’est
l’une des questions qui ont été récemment abordées le 25 septembre par trois
délégués du Syndicat national des journalistes avec Rudy Salles, rapporteur de
la commission de l’Assemblée nationale pour les crédits « presse » du
projet de loi des finances pour 2014. Le SNJ a –une fois de plus- expliqué que
la presse française a de l’argent, mais qu’elle ne l’utilise pas forcément pour
faire son travail et informer les citoyens. Voici un résumé des arguments du
SNJ :
La
PQR/PQD (*), c'est :
-
35 % de l'emploi salarié détruit en l'espace de vingt ans (on est passé de
23.000 emplois en 1990 à 15.000 en 2011) (source : cabinet Secafi).
-
près des 2/3 des journalistes de moins de 26 ans en CDD ou pigistes (source :
cabinet Secafi).
-
En termes de productivité : plus 25 % entre 2004 et 2011 (source : cabinet
Secafi).
-
En termes de rémunération : 15 % des journalistes mensualisés gagnent moins de
2.000 euros bruts par mois et 31,5 % entre 2.000 et 3.000 euros bruts (avec, en
moyenne, un niveau d'études bac + 4, bac + 5) ; 37 % des pigistes gagnent moins
de 1.500 euros bruts par mois (source : commission de la carte, chiffres 2010).
(*)
En parallèle, l'ensemble
de la presse écrite perçoit chaque année entre 1 et 1,2 milliard d’euros d'aides
publiques, souvent contradictoires et réparties de manière opaque, et, en tout
cas, sans aucun contrôle, la Cour des comptes parlant de "système de
guichet".
Le
SNJ a donc à nouveau demandé la mise en place d'un système de bonus-malus social, basé sur des critères objectifs, auquel
serait conditionnée l'attribution des aides à la presse. Le SNJ a réaffirmé
sa volonté de voir l'Etat s'affirmer dans son rôle de régulateur et ne plus se
contenter de signer des chèques en blanc à des syndicats d'éditeurs tous
concurrents sur le marché des aides publiques. On se souvient que le groupe
Hersant (ancien propriétaire du Journal de l’île de La Réunion) est dirigé par
un "exilé fiscal", qui fait l'objet d'une enquête pour abus de biens
sociaux tout en continuant de percevoir des aides publiques sans le moindre
contrôle. Le SNJ rappelle que les aides à la presse ont un but citoyen: garantir une presse de qualité et aider au pluralisme, inscrit dans la Constitution française (article 34).
Le SNJ rappelle que la
qualité de l'information est directement liée à la Charte d'éthique professionnelle des journalistes et qu'elle ne peut s'émanciper des conditions sociales de
production de l'information : pour travailler correctement les
journalistes doivent être correctement payés. On verra, lors du vote du budget 2014 au Parlement, si le SNJ a été entendu.
Le
bureau du SNJ 974
(avec le secrétariat national du SNJ)
(*) PQR : presse quotidienne régionale. PQD : presse quotidienne
départementale, dont font partie les trois quotidiens réunionnais (JIR,
Quotidien et Témoignages), où travaillent la moitié des journalistes de La Réunion. Les chiffres sur la précarité et la rémunération
portent sur l'ensemble des journalistes de la presse écrite française.
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