samedi 28 septembre 2013

Pour un "bonus-malus social" dans la presse

Pourquoi les journalistes français sont-ils, dans leur très grande majorité, si mal payés pour leur travail, alors que beaucoup d’entreprises bénéficient d’importantes subventions publiques ? C’est l’une des questions qui ont été récemment abordées le 25 septembre par trois délégués du Syndicat national des journalistes avec Rudy Salles, rapporteur de la commission de l’Assemblée nationale pour les crédits « presse » du projet de loi des finances pour 2014. Le SNJ a –une fois de plus- expliqué que la presse française a de l’argent, mais qu’elle ne l’utilise pas forcément pour faire son travail et informer les citoyens. Voici un résumé des arguments du SNJ :
La PQR/PQD (*), c'est :
- 35 % de l'emploi salarié détruit en l'espace de vingt ans (on est passé de 23.000 emplois en 1990 à 15.000 en 2011) (source : cabinet Secafi).
- près des 2/3 des journalistes de moins de 26 ans en CDD ou pigistes (source : cabinet Secafi).
- En termes de productivité : plus 25 % entre 2004 et 2011 (source : cabinet Secafi).
- En termes de rémunération : 15 % des journalistes mensualisés gagnent moins de 2.000 euros bruts par mois et 31,5 % entre 2.000 et 3.000 euros bruts (avec, en moyenne, un niveau d'études bac + 4, bac + 5) ; 37 % des pigistes gagnent moins de 1.500 euros bruts par mois (source : commission de la carte, chiffres 2010). (*)
En parallèle, l'ensemble de la presse écrite perçoit chaque année entre 1 et 1,2 milliard d’euros d'aides publiques, souvent contradictoires et réparties de manière opaque, et, en tout cas, sans aucun contrôle, la Cour des comptes parlant de "système de guichet".
Le SNJ a donc à nouveau demandé la mise en place d'un système de bonus-malus social, basé sur des critères objectifs, auquel serait conditionnée l'attribution des aides à la presse. Le SNJ a réaffirmé sa volonté de voir l'Etat s'affirmer dans son rôle de régulateur et ne plus se contenter de signer des chèques en blanc à des syndicats d'éditeurs tous concurrents sur le marché des aides publiques. On se souvient que le groupe Hersant (ancien propriétaire du Journal de l’île de La Réunion) est dirigé par un "exilé fiscal", qui fait l'objet d'une enquête pour abus de biens sociaux tout en continuant de percevoir des aides publiques sans le moindre contrôle. Le SNJ rappelle que les aides à la presse ont un but citoyen: garantir une presse de qualité et aider au pluralisme, inscrit dans la Constitution française (article 34).
Le SNJ rappelle que la qualité de l'information est directement liée à la Charte d'éthique professionnelle des journalistes et qu'elle ne peut s'émanciper des conditions sociales de production de l'information : pour travailler correctement les journalistes doivent être correctement payés. On verra, lors du vote du budget 2014 au Parlement, si le SNJ a été entendu.
Le bureau du SNJ 974
 (avec le secrétariat national du SNJ)

(*) PQR : presse quotidienne régionale. PQD : presse quotidienne départementale, dont font partie les trois quotidiens réunionnais (JIR, Quotidien et Témoignages), où travaillent la moitié des journalistes de La Réunion. Les chiffres sur la précarité et la rémunération portent sur l'ensemble des journalistes de la presse écrite française.

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