jeudi 12 avril 2018

"La carte de presse est un moyen d'éviter les arnaques"

Flavien Rosso (Photo DR).

Il brigue vos suffrages ! Flavien Rosso, journaliste au Quotidien de La Réunion, est le candidat SNJ pour les prochaines élections de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP, dite « commission de la carte de presse »). Avec déjà six ans d’expérience dans ce mandat, il est le mieux placé pour aider les confrères et consoeurs dans leurs démarches.

Flavien, on entend souvent dire que la « carte de presse » ne sert à rien. Que réponds-tu ?
Je réponds que la carte de presse est la reconnaissance d’un statut et d’une profession. Dans un monde qui bouge beaucoup, avec Internet et les réseaux sociaux, seuls les journalistes sont capables de hiérarchiser, de présenter une information fiable, crédible, vérifiée. La carte de presse est donc un moyen de reconnaître ce métier, qui doit rester un vrai métier, correctement encadré et rémunéré. La carte de presse est un moyen de reconnaître que le journaliste a des devoirs et des droits.

Par exemple ?
Il y a une précarisation très importante de la profession. Il y a de plus en plus de journalistes low-cost, de collaborations hors salariat… comme auto-entrepreneur, par exemple. Le statut d’auto-entrepreneur est une véritable arnaque : certains se croient plus libres comme auto-entrepreneurs, mais ils sont encore plus à la merci des employeurs qui rompent les collaborations sans aucune indemnisation. La carte de presse est un moyen d’éviter ces arnaques. Elle permet aussi d’éviter de travailler en dehors de la convention collective, par exemple en mélangeant l’information, la publicité et la communication. Etre titulaire de la carte de presse, c’est un moyen de se défendre contre ces attaques. On ne peut pas faire faire n’importe quoi à un journaliste titulaire de la carte de presse, ni l’employer n’importe comment.

Nous rencontrons pourtant souvent des journalistes sans carte de presse. Qu’en penses-tu ?
Il peut y avoir de très bons journalistes qui ne sont pas titulaires de la carte. Il faudrait que l’Etat, dans sa soi-disant volonté d’aider la profession, se penche sur ce genre de chose. Souvent, ce n’est pas la faute des journalistes. Ce sont des entreprises qui n’appliquent pas la convention collective, qui proposent des contrats illégaux, qui mettent les bâtons dans les roues des journalistes qui demandent leur carte de presse… L’Etat ferait bien de mieux contrôler l’application de la loi.

Certains accusent la loi de 1935 (*) d’être obsolète, dans notre monde numérique…
Ce n’est pas parce qu’on vit avec le numérique qu’on n’a plus de règles. Comme le dit la citation célèbre : « c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit" ». On peut aussi rajouter « ce n’est pas parce que c’est sur Facebook que c’est vrai ». Il vaut mieux donner son nom, son prénom et sa date de naissance à la commission de la carte, que de laisser s’envoler ses données privées vers des lobbies politiques.

En quoi consiste la mission de correspondant régional de la commission de la carte de presse?
La commission de la carte est basée à Paris. Elle étudie toutes les demandes, y compris les renouvellements. Quand elle reçoit une première demande de carte, quelle que soit la région, le correspondant régional fait un rapport pour aider la commission à prendre ses décisions. La commission peut nous interroger si elle a des doutes pour un dossier, y compris pour un renouvellement. Sur le terrain, nous pouvons vérifier si les tâches du demandeur sont vraiment journalistiques, s’il travaille pour une véritable entreprise de presse. Si le demandeur fait un peu de journalisme et beaucoup de communication institutionnelle, la carte lui sera refusée. Le journaliste étant obligatoirement salarié, nous vérifions aussi la nature de son contrat de travail.

Pourquoi faut-il voter SNJ ?
Le SNJ a 100 ans cette année. Notre syndicat a toujours été à côté des journalistes, et à l’origine des avancées majeures de la profession et à la commission de la carte. Le SNJ s’est battu pour obtenir que les chômeurs puissent conserver leur carte de presse pendant 2 ans, et pour que les demandeurs puissent l’obtenir avec des revenus équivalents à la moitié d’un Smic. Le SNJ est aussi en première ligne pour le combat pour les photojournalistes, les plus soumis à la précarité imposée par les employeurs. A la commission, les élus SNJ regardent ces dossiers avec bienveillance, au cas par cas.

Propos recueillis par Véronique Hummel

(*) La loi de 1935, dite « loi Brachard », fixe le statut de journaliste.

Elections à partir du 19 avril 2018. Attention, chaque journaliste doit voter deux fois : une fois pour la commission nationale et la commission supérieure, une fois pour les correspondants régionaux. Voir le site de la CCIJP.

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Flavien, candidat pour un 3e mandat

Flavien Rosso, 48 ans, journaliste sportif au Quotidien de La Réunion (agence de Saint-Pierre), est membre du SNJ depuis 1994. A l’exception de quatre années passées comme enseignant à Madagascar, Flavien a toujours milité pour notre syndicat. Depuis 2012, il est correspondant régional de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels, pour l’ensemble des outre-mer. Il est candidat en 2018 pour un 3e mandat.


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