Le SNJ, premier syndicat de la profession, a tenu vendredi 27 et samedi 28 mars son comité national à Paris. Voici les principaux points abordés par ce qui est le Parlement du Syndicat national des journalistes.
Esprit Charlie, où es-tu ? La profession a été secouée par un tremblement de terre le 7 janvier dernier avec l’attentat contre Charlie Hebdo. Spontanément, et bien au-delà des entreprises de presse, un mouvement pour la défense de la démocratie et de la liberté de la presse s’est levé dans tout le pays. Les initiatives se sont multipliées, dont beaucoup avec le SNJ à leur tête, pour faire perdurer ce qui a été appelé « l’esprit du 11 janvier ».
Mais
aujourd’hui, force est de constater que cette liberté d’expression est en
danger.
Par
les menaces d’État d’abord. Avec le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) qui s’érige en censeur de la
déontologie des journalistes. Mais aussi avec les projets de loi, comme celui
sur « le secret des affaires » dans la loi Macron ou la protection
des sources. Heureusement, ces projets ont été retirés au tout dernier moment,
mais il faut rester vigilant, car c’est à un véritable détricotage de la loi
sur la presse de 1881 que s’attellent les pouvoirs publics.
Autre
menace, la crise économique. Comme il est écrit dans un communiqué, rédigé à la
fin du comité national, « sous l'alibi de
l'austérité imposée, les rédactions et les journalistes se voient donnés un
tour de vis supplémentaire : salaires bloqués, moyens
sacrifiés, tâches accumulées et multipliées, mises en
cause générales des droits des salariés, succession de plans dits "sociaux", développements accélérés des
souffrances au travail. » La profession n’en peut plus
et lors de ce comité, les différents rapports des sections ont montré le ras-le-bol généralisé. Surtout que l’État
ne respecte pas ses promesses, sur les réformes des aides à la presse, la
reconnaissance juridique de l’équipe rédactionnelle et l’instance nationale de
déontologie.
Voir ici la vidéo: http://www.ccijp.net/ |
Les élections à la CCIJP. Tous les trois ans, les
titulaires de la carte de presse élisent leur représentants à la Commission de
la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP). Seize
représentants des journalistes sont élus à la commission de première instance
(8 titulaires et 8 suppléants), trois à la commission supérieure (1 titulaire
et 2 suppléants) et trente-huit en région (1 titulaire et 1 suppléant par
région).
Aux
élections de 2012, le SNJ a remporté 51% des voix, une progression de +2% par
rapport à 2009. Cette année, avec des élections prévues du 24 avril au 12 mai,
le but sera de faire aussi bien. Mais surtout d’atteindre le quorum, que l’on
n’a plus atteint depuis quatre scrutins. En 2014, 36 317 cartes ont été
distribuées, il faut donc pour le quorum, un peu plus de 18 000 votants. C’est
dans cette optique que le SNJ, seul syndicat à présenter des candidats à tous
les niveaux de décision, doit faire campagne et mobiliser bien au-delà de ses
adhérents.
Les dernières évolutions
législatives sur la représentativité des organisations syndicales. La loi du 20 août 2008 a
modifié le paysage syndical. Elle favorise les grandes centrales et limite l'influence des petites ou des syndicats catégoriels, comme le nôtre. Ainsi,
un syndicat catégoriel ne peut appeler seul à un mouvement de grève
dans une entreprise ou signer un accord intercatégoriel. De plus, malgré son
combat datant de nombreuses années, le SNJ a échoué à rendre obligatoire le
collège "journalistes" dans les entreprises de presse. Enfin, les
syndicats comme le nôtre sont aussi frappés au portefeuille. D’où un débat lors
de ce comité pour que le SNJ puisse, à l’avenir, conserver et accroître son
influence. Débat qui se prolongera au Congrès en octobre prochain.
La parité dans nos instances. Selon les dernières
statistiques de l’Insee, la France compte 51,6% de femmes et 48,4% d’hommes.
La profession de journaliste est un peu en décalage avec 54% d’hommes et 46% de
femmes. Le SNJ l’est encore plus dans ses instances de décision. Si la liste
pour les prochaines élections à la CCIJP respecte la parité avec 29 hommes et
28 femmes, le Bureau national du SNJ est constitué de 80% d’hommes pour
seulement 20% de femmes, tandis que le ratio au sen du comité national est de
62% d’hommes et 38% de femmes. Le débat au comité national, samedi matin, a
donc porté sur les moyens à mettre en œuvre pour la parité. Faut-il recommander
ou contraindre ? Finalement, le comité national a décidé de donner un
signal fort de volontarisme. L’idée d’un congrès extraordinaire pour modifier
les statuts, afin d’aller vers cette parité a été adoptée. En octobre prochain,
il sera donc adossé au congrès ordinaire qui se déroulera près de Marseille.
La réforme du bulletin de paye. Dans la droite ligne
du choc de simplification voulu par le président de la République, un projet de
réforme du bulletin de paie est envisagé pour le 1er janvier
prochain. La principale idée de cette réforme est de « raboter »
quelques lignes dans le bulletin, et notamment les cotisations patronales. Le
comité national a rappelé sa plus grande réserve sur ce point. Si les
cotisations n’apparaissent pas sur la feuille de paie, le salarié ne saura pas
si son employeur les paie réellement. Ce qui peut être fort préjudiciable en
cas de chômage ou lors du départ à la retraite.
Certes,
la loi pourrait contenir une obligation pour l’employeur de délivrer un
récapitulatif annuel des cotisations qu’il a versées. Or, dans un groupe de
presse français, où certaines cotisations patronales n’apparaissent déjà pas
sur les feuilles de paie, cette obligation qui existe dans le code du travail n’est
pas respectée. Il y a donc le risque qu’elle ne le soit pas non plus dans
l’avenir. Pour toutes les autres entreprises de presse.
Le
SNJ demande donc qu’une véritable concertation sur cette réforme soit ouverte
et que ce point crucial soit abordé.
Compte rendu: Flavien Rosso
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