jeudi 14 mars 2019

Mayotte a besoin de journalistes

Table ronde aux 12e Assises internationales du journalisme, Tours. 
« A Mayotte, on est en recherche de journalistes ». Abby Saïd Adinani, directrice du magazine May’People, tient à donner du 101e département français une image plus réaliste que celle que propagent les médias mainstream. L’île de Mayotte n’est pas uniquement un lagon menacé par l’immigration clandestine. C’est aussi une région en pleine croissance économique, avec une population jeune, sans grande tradition de lecture, comme le précise Laurent Canavate, directeur de la Somapresse. Cette jeunesse se connecte beaucoup sur les réseaux sociaux, et consomme donc de l’information numérique.

Réunis pour un débat aux Assises du journalisme à Tours, plusieurs représentants des médias mahorais confirment  un déficit de professionnels de l’information. Alors que les journalistes subissent un fort taux de chômage en France métropolitaine et à La Réunion, la presse mahoraise a besoin de journalistes formés (notamment au numérique) et volontaires pour travailler dans une île où l’actualité ne ressemble à aucune autre.
Kalathoumi Abdil-Hadi, cofondatrice de 101 Mag, évoque l’  « omerta » qui empêche beaucoup d’habitants de s’exprimer sur les sujets sensibles. Notamment parce que dans une île de 256 500 habitants, tout le monde est parent avec tout le monde. Pierre Belluschi, rédacteur en chef de Kwezi TV, reconnaît le besoin de recruter des personnes qui parlent shimaoré ou shibushi. « La part locale est notre force de frappe » assure Chamsudine Ali, journaliste à Mayotte la 1ère. Mais la méconnaissance de ces langues n’empêche pas de jeunes journalistes métropolitains de travailler à Mayotte et d’apprendre progressivement les idiomes régionaux.

L’outre-mer méconnu des autres Français

A ces particularités s’ajoute le manque d’intérêt du reste de la France pour Mayotte et l’outre-mer d’une manière générale. Aby, étudiante stagiaire en 2011, est restée bloquée dans l’île plusieurs semaines en raison de la grogne sociale et de la paralysie des transports. Lorsqu’elle a enfin réussi à regagner Paris, son enseignante la questionne : « Ah bon, c’est la m… à Mayotte ? C’est bizarre, on n’a pas eu de dépêche AFP ! » Cette différence de traitement a été particulièrement critiquée lors du précédent débat « Quel récit éditorial ultramarin en métropole ? », auquel participait la Réunionnaise Memona Hintermann.

                                                                                                              Véronique Hummel
Aux 12e Assises internationales du journalisme de Tours

Les employeurs à Mayotte :
-          Mayotte Hebdo : canavate.laurent@mayottehebdo.com
-          Kwezi TV : belluschi.pierre@orange.fr, 06 39 69 91 92
 

L'exposition "Un an d'actualité à Mayotte: janvier 2018 - janvier 2019" propose de très belles photos de presse pendant ces 12e Assises du journalisme.