Vendredi le SNJ Réunion - Océan Indien
écrivait à la bâtonnière pour lui faire part de "
sa plus grande surprise face
à l'absence de réaction" d'une personne exerçant "
une profession attachée
à défendre les droits des justiciables", en l'occurrence maître Philippe
Creissen, avocat du député-maire de Saint-Leu, et présent à ses côtés lors de
l'agression de nos confrères samedi 15 septembre. L'intéressé n'a pas tardé à
réagir… Entre minimisation sinon exonération des faits, rejet d'une
responsabilité pourtant prise -et enregistrée (Cf. vidéo)- du député-maire, sa
réponse ne manque pas d'intérêt.
1) Il n'y a jamais eu
d'agression
Pour maître Creissen, il n'y a pas eu
d'agression mais une "bousculade", simple "désordre d'une foule"
selon la définition. Malheureusement, les vidéos et photos sont là pour
témoigner des appels -insistants- du député-maire de Saint-Leu à sortir les
journalistes du JIR, de l'intention d'agir des intéressés et de la violence de
leur action, inexcusable sur un représentant de la presse, libre en
démocratie.
2) Une simple expression
militante
La "bousculade" serait
intervenue entre un journaliste et "un" (seul) sympathisant de l'homme
politique, "qui s'exprimait". Que dirait-il si les journalistes
décidaient demain de troquer leurs éditos par ce mode d'expression ? Il est
permis de douter que maître Creissen maintienne alors son interprétation…
3) Citoyen ou journaliste, il faut
choisir !
Lorsqu'Edouard Marchal s'interpose
entre les militants du député-maire de Saint-Leu et Maïmouna Camara, il
"n'était plus un journaliste à cet instant". Journaliste ou citoyen, il
faudrait donc choisir son camp..! Visiblement, maître Creissen souhaite passer un
message aux journalistes : soyez sages à nos conférences de presse... Sinon, on vous sort et on
ne peut pas vous protéger….
4) Cherchez ailleurs
Maître Creissen doit tout de même
savoir qu'il va un peu (trop) loin, puisque dans une tentative pour minimiser les faits il croit pertinent de faire
état "d'une ITT d'une journée" - notre confrère a, en fait, eu 3 jours d'ITT. Ce
serait aussi oublier un peu vite les intimidations, l'injonction faite aux journaliste
du JIR -dans un lieu public- de sortir, bref d'avoir porter atteinte à la
liberté de la presse, fondement de toute démocratie. Philippe Creissen croit
aussi bon de mentionner la proximité des forces de l'ordre "à quelques mètres
de votre collègue", oubliant qu'elles étaient à l'extérieur de la tente
quand lui-même avait un point de vue privilégié sur l'agression en même temps
qu'il avait l'oreille du député-maire de Saint-Leu, et qu'il lui aurait été
facile de faire cesser toute action sur une simple injonction.
5) Complot de la presse
Décidément à la recherche de tous les
arguments possibles, l'avocat Philippe Creissen termine sa missive par une
critique des forums Internet et accuse le SNJ ("vous") de retirer
"chaque jour, les profits publicitaires qui accompagnent la consultation des
sites par le public", attribuant curieusement au syndicat la propriété des
titres de presse réunionnais. Heureusement nos confrères, eux, savent à quoi
s'en tenir.
Pour finir, dans une tonalité à
l'image de l'ensemble de son courrier, l'avocat affirme rester "à votre
disposition pour débattre de la manière dont vous exercez votre liberté qui
n'est pas sans limite". A l'avocat qui parle de "limite" à la
liberté de la presse, notre syndicat se contentera d'un rappel de la loi, en
l'occurrence l'article 431-1 du code pénal qui dispose que "le fait d'entraver, d'une
manière concertée et à l'aide de coups, violences, voies de fait, destructions
ou dégradations au sens du présent code, l'exercice d'une des libertés visées à
l'alinéa précédent [l'exercice de la liberté d'expression, du travail,
d'association, de réunion ou de manifestation] est puni de trois ans
d'emprisonnement et de 45000 euros d'amende".
Maître Creissen formule ensuite une
demande : "donner à ma réponse une publicité équivalente à celle que vous
donnez à votre lettre en sollicitant Madame le bâtonnier". Voilà chose faite
!