mercredi 25 septembre 2019

Motion de défiance au Quotidien de La Réunion



Réunis en assemblée générale le mardi 24 septembre à l'appel du SNJ, les journalistes du Quotidien de La Réunion se sont prononcés favorablement à 94,87 % (avec un taux de participation de 69,64%) sur une motion de défiance à l’encontre du directeur de la rédaction.

La question était: Faites-vous toujours confiance à Patrick Planchenault pour incarner la ligne éditoriale du Quotidien en conformité avec les valeurs défendues par ce journal depuis 40 ans ?

Votants : 39 sur 56 inscrits
Non : 37
Oui : 1
Blanc : 1

Ce vote intervient alors qu’un nouvel épisode de censure a frappé une enquête sur la SPL Réunion des Musées régionaux la semaine dernière. A son arrivée en mai dernier, le directeur de la rédaction avait pourtant des missions claires. Il devait notamment, selon les propos tenus en CSE (comité social et économique), « piloter la ligne éditoriale du journal print dans le respect de l’ADN du journal et piloter la construction éditoriale du site d’information www.lequotidien.re », ceci afin « si possible, d’arrêter l’hémorragie des ventes.»

Ces missions n’ont pas été remplies. Aucun projet n’a été présenté pour le développement du web et du print. Au contraire, depuis cinq mois, Patrick Planchenault trahit l’histoire de ce journal et censure letravail des journalistes en cédant aux pressions des annonceurs (groupe Hayot, Région Réunion…), voire en les devançant. Ce qui relève d'un changement de ligne éditoriale inédit. Comme seule explication, il se contente de relayer avec zèle les propos des actionnaires sur les intérêts du groupe.

Dans ces conditions, les journalistes exigent de la direction:
1) L'arrêt immédiat de toute censure et le respect absolu de l’indépendance de la rédaction.
2)  Le respect de la Charte d'éthique professionnelle des journalistes (1918-38-2011) et la Déclaration de Munich (1971) garantissant une étanchéité totale entre les intérêts commerciaux du groupe et la mission d’information de la rédaction.
3) L'ouverture de véritables négociations sur la transformation de la rédaction vers le numérique avec les organisations syndicales représentatives de journalistes si la direction décide vraiment d’emprunter ce chemin
4)  Le départ de Patrick Planchenault.

mercredi 11 septembre 2019

Le Quotidien, c'est de la charcuterie !

Madame Anastasie (la Censure) par André Gill (BNF, domaine public).

Après avoir désossé et expédié en chambre froide deux articles il y a quinze jours au motif d'un « temps économique préoccupant », le directeur de la rédaction du Quotidien (ou devrait-on plutôt dire son maître charcutier ?) vient de récidiver. Sans en informer au préalable leurs auteurs, contrairement à la fois précédente, Patrick Planchenault a tranché plusieurs morceaux dans deux papiers ayant pour point commun de traiter du rachat de Vindémia par le groupe Bernard Hayot. A ce rythme, cet as de la découpe va finir Meilleur Ouvrier de France.
Publié samedi, le premier de ces articles était consacré à l'appel lancé aux acteurs économiques réunionnais par Jean-Hugues Ratenon. Le député y reprenait les estimations de parts de marché en chiffre d'affaires de GBH après la transaction (40,2% selon l'expert Christophe Girardier), ce qui le placerait en position dominante. Cette information a sauté dans la version finale, contrairement à la position de Stéphane Hayot raisonnant en surfaces de vente. L'article est du coup incompréhensible pour les lecteurs.
Deuxième cas de censure : l'interview de François Caillé publiée ce lundi. Le PDG du groupe Caillé y explique que le rachat de Vindémia par GBH est « une catastrophe pour La Réunion et qu'il ne faut pas l'autoriser ». Là encore, ce message adressé à l'Autorité de la concurrence ne figure pas dans la version finale du papier alors que la phrase est pourtant essentielle à la compréhension de la stratégie de François Caillé, qui porte un projet de reprise des actifs réunionnais de Vindémia avec Leclerc et U.
Ces derniers développements démontrent clairement que la direction se soumet au groupe Hayot afin de préserver les intérêts d'une autre société détenue par les actionnaires du Quotidien, qui imprime les dépliants publicitaires de GBH. 
L'indépendance de la rédaction et la crédibilité du journal, qui fait sa force depuis sa création en 1976, ont été piétinées pour des raisons purement commerciales. Après la journée de grève du 27 août, suivie par la quasi-totalité de la rédaction et ayant donné lieu à la parution d'un journal très dégradé le lendemain, le SNJ dénonce une nouvelle fois avec la plus grande fermeté, les méthodes de travail ainsi que les décisions prises par le directeur de la rédaction. Et se réserve la possibilité de mener tout type d'action si cette ligne de conduite venait à perdurer.
Fait à Saint-Denis, le 9 septembre 2019.