Manifestation de soutien à Charlie Hebdo, janvier 2015, Saint-Pierre. |
Mais que fait la police ?
Mercredi, un de nos collègues du Journal de l'île, faits-diversier à Saint-Pierre,
a eu à faire face à des pressions de la part de la
police, une officière des « boeufs carotte » lui demandant ni plus ni
moins, avec insistance, que de « balancer » ses sources,
au mépris des règles les plus élémentaires du droit et de notre déontologie
professionnelle.
Ce collègue avait été convoqué
au commissariat de Saint-Pierre dans le cadre d’une
enquête préliminaire ordonnée par le procureur de Saint-Pierre pour
« violation du secret professionnel ». Le magistrat soupçonne des
fuites dans une affaire de décès suspect.
En concertation
avec sa rédaction en chef, le journaliste du JIR s'était rendu de lui-même au
commissariat. Mais une fois sur place, à son grand étonnement, il s'est trouvé
confronté à une capitaine de l’Inspection générale de la Police nationale
(IGPN) qui a entrepris avec insistance de lui tirer les vers du nez. A deux
reprises, elle lui demandé s’il avait été en contact avec l’un des policiers
visés par l’enquête et s’il avait eu « connaissance de détails
judiciaires ». « Je n'ai pas à vous répondre », a simplement, et
fort justement, répondu notre collègue.
Ce faisant, il a
fait honneur à notre charte d’éthique professionnelle, selon laquelle un
journaliste digne de ce nom « garde le secret professionnel et protège les
sources de ses informations ».
On ne peut pas
dire autant de cette officier de l'IGPN, qui devrait pourtant savoir que la
protection des sources des journalistes est garantie par le droit français et
européen. Et notamment par
l'Article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme, dont la
jurisprudence souligne qu'il s'agit d'« une des pierres angulaires de la
liberté de presse ».
La Commission
nationale consultative des droits de l'Homme, elle, rappelle que « protéger
le secret de sources des journalistes ne tient pas à la nécessité de défendre
un intérêt corporatiste des journalistes : c’est une garantie essentielle
pour le fonctionnement de notre démocratie ».
Le SNJ Océan
Indien apporte son entier soutien à ce collègue et dénonce fermement toute
tentative de pression et d'intimidation visant à porter atteinte à la liberté
d'expression et aux valeurs de notre profession.
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