lundi 6 juillet 2020

L'argent public n'a pas vocation à financer les turpitudes patronales


Cri pour une presse libre


L'argent public n'a pas vocation à financer les turpitudes patronales

Que nul ne s'y trompe, la récente condamnation du Quotidien à payer 600 000 € à son ancien directeur ne saurait être considérée comme une traditionnelle décision de justice permettant à un salarié d'obtenir réparation, ce cadre dirigeant ayant été, au Quotidien, l'exécutant des politiques antisociales des actionnaires qu'il servait. Ce coup dur porté à l'entreprise de presse est avant tout la conséquence d'un règlement de compte entre patrons. 

Le SNJ Océan Indien trouve particulièrement scandaleux qu'il serve d'accélérateur à un redressement judiciaire dont les salariés du Quotidien seront les premières victimes. A eux, dont les salaires de juin n'ont pas été versés et seront pris en charge par l'AGS (Régime de garantie des salaires), le SNJ Océan Indien apporte tout son soutien.

A bien y regarder, depuis quelques mois, les dirigeants du Quotidien profitent de la situation de crise économique pour dévoyer les aides publiques censées soutenir la presse, son indépendance et sa liberté. Cette remarque concerne hélas nombre de leurs  homologues de la place qui cèdent avec complaisance aux pressions de leurs financeurs.

Le SNJ doit donc rappeler que les subventions régionales et autres pubs institutionnelles sont financées par l'argent du contribuable citoyen qui est en droit d'exiger une information libre et indépendante. Qu'elles servent à éteindre des investigations, à censurer des articles ou à faire ostensiblement campagne pour tel ou tel candidat, est inacceptable.

Que ces mêmes subventions s'accompagnent de plans sociaux, précarisant toujours un peu plus la profession, est tout aussi insupportable. Et le SNJ sera vigilant à ce que cet argent public soit strictement consacré au renforcement et à la modernisation d'une offre éditoriale de qualité, et non pas à financer les turpitudes patronales.

A la vue du délabrement de l'offre de presse, dans l'ensemble des rédactions de l'île, minées par les réductions d'effectif, les managements toxiques et les entorses à la déontologie, le SNJ en appelle, plus que jamais, à la reconnaissance de l'expertise journalistique en "dotant les équipes rédactionnelles d'un statut juridique qui doit permettre d'ériger un rempart entre la rédaction et l'actionnariat".

Cette dernière citation est extraite de la tribune du 3 juillet des secrétaires généraux du SNJ. Ils écrivent également : "Il est grand temps de sortir le secteur de l'information des logiques purement comptables et financières qui le mènent à sa perte et participent au discrédit du public".

Une conclusion qui doit résonner avec force aux oreilles des patrons de la presse réunionnaise qui ont multiplié depuis des années les mauvaises décisions pour arriver à cette situation délétère dont le "redressement judiciaire" du Quotidien n'est hélas qu'un symptôme parmi d'autres.

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