Le 99e congrès du Syndicat national des journalistes avait pour thème la dangereuse "ubérisation" (*) de notre profession. C'est-à-dire la précarisation rampante et multifaces de notre métier. Certains journalistes n'ont connu que des postes précaires, malgré leurs diplômes et leur investissement professionnel. Comme chaque année, la section Réunion-océan Indien était représentée à ce congrès pendant les trois jours de débats.
L'ubérisation gangrène même les médias bien structurés. Ce vendredi 6 octobre, environ 80 journalistes ont manifesté devant l'entrée de la Dépêche du Midi. Car la direction de ce journal a licencié trois confrères qui ont eu le tort de demander leur carte de presse. Alors que la Convention collective nationale du travail des journalistes exige des employeurs qu'ils ne recrutent que des journalistes ayant demandé leur carte! Tous les congressistes ont bruyamment manifesté leur solidarité aux confrères injustement licenciés. Lire également le communiqué national.
Rassemblement devant la Dépêche du Midi. (Photo DR/SNJ) |
Les ordonnances Macron ont également fait l'objet de nombreux débats, à la fois dans un atelier animé par Richard Abauzit (ancien inspecteur du Travail, militant à l'union nationale Solidaires) et en séance plénière. La nocivité de ces textes est parfaitement démontrée. Les militants du SNJ feront évidemment le maximum pour informer leurs confrères des conséquences dans nos entreprises.
Face à l'ubérisation, que pouvons-nous faire? Résister, comme nous l'avons rappelé mercredi soir lors du débat public. Un employeur voulait transformer une rédaction en plate-forme, avec des auto-entrepreneurs munis d'ordinateurs pour rédiger. La rédaction s'est rebellée... et a fait plier le patron. "Il faut faire parler la poudre" a résumé notre confrère de la Voix du Nord.
A gauche, Jean-Luc Morruci présente le Syndicat des travailleurs corses. Avec lui, Emmanuel Poupard (secrétaire général du SNJ) et Vincent Lanier, premier secrétaire général. |
(*) Ubérisation: néologisme issu du nom de l'entreprise Uber, évoquant une concurrence sauvage dans tous les métiers, avec remplacement des salariés par des travailleurs indépendants et pauvres.
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Qualité de l'information : retrouver le sens du collectif
Le journalisme est une profession en perte d’identité. Une identité que seuls les journalistes peuvent restaurer. La confusion entre information et communication porte aussi bien sur le mélange des genres entres marketing, publicité et information que sur le mélange des rôles entre journalistes, politiques, animateurs, chroniqueurs etc... Contrairement à ces derniers, l'objectif unique des journalistes est l'intérêt du public à être honnêtement informé. Cet intérêt a pour corollaire la qualité de l’information.
Cette qualité passe par le respect de la charte d'éthique professionnelle des journalistes : « Le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme (....) l’information. Il ne peut se confondre avec la communication ». Elle rappelle aussi que « son exercice demande du temps et des moyens quelque soit le support. Il ne peut y avoir de respect des règles déontologiques sans mis en œuvre des conditions d’exercice qu’elles nécessitent. La notion d’urgence (...) ne doit pas l’emporter sur le sérieux de l’enquête et la vérification des sources ».
Aujourd’hui, les intérêts économiques et particuliers s’opposent bien souvent à ces principes. Le SNJ appelle toutes les rédactions à bien prendre en compte les enjeux de cette situation, à respecter et faire respecter les fondamentaux de la pratique de notre profession, seul moyen de retrouver la fierté de son exercice et la confiance du public.
Cela passe par la défense ou le retour à une vie collective des rédactions. Cela suppose des échanges répétés avec les confrères tant sur le choix des sujets que sur leur réalisation et éventuellement sur la critique du travail produit, donc la réhabilitation de vraies conférences de rédaction ouvertes à tous les journalistes. Le SNJ s’oppose à l’éclatement des rédactions en entités distinctes (web, papier...etc) qui fragilise la qualité des contenus quand il ne s'accompagne pas des moyens matériels et humains adéquats et si tous les journalistes n'y bénéficient pas des mêmes garanties contractuelles. Le SNJ réaffirme l’indispensable reconnaissance juridique des équipes rédactionnelles.
La pression de l’immédiateté, la production multimédia imposées par les directions favorise l’erreur et le risque de mélange des genre. De même on ne doit pas exercer notre métier sous la pression de l’audience ou du « clic ». Une pratique qui se répand dans les rédactions où le journaliste est souvent contraint d’orienter son travail en fonction des mesures d’audience en direct. Le SNJ demande la déconnexion totale des salles de rédaction de ces mesures d’audience instantanée. Sourcer l’information, préciser les conditions de sa production, la contextualiser, séparer les faits des commentaire restent les pratiques de base garantes de la qualité. Contrairement à ce que certaines directions tentent d’imposer, les journalistes ne sont pas des producteurs de contenu destinés à rentabiliser les contenants.
Toulouse, le 06 Octobre 2017
Cette qualité passe par le respect de la charte d'éthique professionnelle des journalistes : « Le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme (....) l’information. Il ne peut se confondre avec la communication ». Elle rappelle aussi que « son exercice demande du temps et des moyens quelque soit le support. Il ne peut y avoir de respect des règles déontologiques sans mis en œuvre des conditions d’exercice qu’elles nécessitent. La notion d’urgence (...) ne doit pas l’emporter sur le sérieux de l’enquête et la vérification des sources ».
Aujourd’hui, les intérêts économiques et particuliers s’opposent bien souvent à ces principes. Le SNJ appelle toutes les rédactions à bien prendre en compte les enjeux de cette situation, à respecter et faire respecter les fondamentaux de la pratique de notre profession, seul moyen de retrouver la fierté de son exercice et la confiance du public.
Cela passe par la défense ou le retour à une vie collective des rédactions. Cela suppose des échanges répétés avec les confrères tant sur le choix des sujets que sur leur réalisation et éventuellement sur la critique du travail produit, donc la réhabilitation de vraies conférences de rédaction ouvertes à tous les journalistes. Le SNJ s’oppose à l’éclatement des rédactions en entités distinctes (web, papier...etc) qui fragilise la qualité des contenus quand il ne s'accompagne pas des moyens matériels et humains adéquats et si tous les journalistes n'y bénéficient pas des mêmes garanties contractuelles. Le SNJ réaffirme l’indispensable reconnaissance juridique des équipes rédactionnelles.
La pression de l’immédiateté, la production multimédia imposées par les directions favorise l’erreur et le risque de mélange des genre. De même on ne doit pas exercer notre métier sous la pression de l’audience ou du « clic ». Une pratique qui se répand dans les rédactions où le journaliste est souvent contraint d’orienter son travail en fonction des mesures d’audience en direct. Le SNJ demande la déconnexion totale des salles de rédaction de ces mesures d’audience instantanée. Sourcer l’information, préciser les conditions de sa production, la contextualiser, séparer les faits des commentaire restent les pratiques de base garantes de la qualité. Contrairement à ce que certaines directions tentent d’imposer, les journalistes ne sont pas des producteurs de contenu destinés à rentabiliser les contenants.
Toulouse, le 06 Octobre 2017
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