Flavien Rosso (Photo DR). |
Il
brigue vos suffrages ! Flavien Rosso, journaliste au Quotidien de La
Réunion, est le candidat SNJ pour les prochaines élections de la Commission de
la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP, dite « commission de la
carte de presse »). Avec déjà six ans d’expérience dans ce mandat, il est
le mieux placé pour aider les confrères et consoeurs dans leurs démarches.
Flavien,
on entend souvent dire que la « carte de presse » ne sert à rien. Que
réponds-tu ?
Je
réponds que la carte de presse est la reconnaissance d’un statut et d’une
profession. Dans un monde qui bouge beaucoup, avec Internet et les réseaux
sociaux, seuls les journalistes sont capables de hiérarchiser, de présenter une
information fiable, crédible, vérifiée. La carte de presse est donc un moyen de
reconnaître ce métier, qui doit rester un vrai métier, correctement encadré et
rémunéré. La carte de presse est un moyen de reconnaître que le journaliste a
des devoirs et des droits.
Par
exemple ?
Il
y a une précarisation très importante de la profession. Il y a de plus en plus
de journalistes low-cost, de collaborations hors salariat… comme
auto-entrepreneur, par exemple. Le statut d’auto-entrepreneur est une véritable
arnaque : certains se croient plus libres comme auto-entrepreneurs,
mais ils sont encore plus à la merci des employeurs qui rompent les
collaborations sans aucune indemnisation. La carte de presse est un moyen
d’éviter ces arnaques. Elle permet aussi d’éviter de travailler en dehors de la
convention collective, par exemple en mélangeant l’information, la publicité et
la communication. Etre titulaire de la carte de presse, c’est un moyen de se
défendre contre ces attaques. On ne peut pas faire faire n’importe quoi à un
journaliste titulaire de la carte de presse, ni l’employer n’importe comment.
Nous
rencontrons pourtant souvent des journalistes sans carte de presse. Qu’en
penses-tu ?
Il
peut y avoir de très bons journalistes qui ne sont pas titulaires de la carte.
Il faudrait que l’Etat, dans sa soi-disant volonté d’aider la profession, se
penche sur ce genre de chose. Souvent, ce n’est pas la faute des journalistes.
Ce sont des entreprises qui n’appliquent pas la convention collective, qui
proposent des contrats illégaux, qui mettent les bâtons dans les roues des
journalistes qui demandent leur carte de presse… L’Etat ferait bien de mieux
contrôler l’application de la loi.
Certains
accusent la loi de 1935 (*) d’être obsolète, dans notre monde numérique…
Ce
n’est pas parce qu’on vit avec le numérique qu’on n’a plus de règles. Comme le dit la citation célèbre : « c'est la liberté qui opprime et la loi qui
affranchit" ». On peut aussi rajouter « ce n’est pas parce que c’est sur Facebook
que c’est vrai ». Il vaut mieux donner son nom, son prénom et sa date de
naissance à la commission de la carte, que de laisser s’envoler ses données
privées vers des lobbies politiques.
En quoi consiste la mission de correspondant régional de la commission de la carte de
presse?
La
commission de la carte est basée à Paris. Elle étudie toutes les demandes, y
compris les renouvellements. Quand elle reçoit une première demande de carte,
quelle que soit la région, le correspondant régional fait un rapport pour aider
la commission à prendre ses décisions. La commission peut nous interroger si
elle a des doutes pour un dossier, y compris pour un renouvellement. Sur le terrain,
nous pouvons vérifier si les tâches du demandeur sont vraiment journalistiques,
s’il travaille pour une véritable entreprise de presse. Si le demandeur fait un
peu de journalisme et beaucoup de communication institutionnelle, la carte lui
sera refusée. Le journaliste étant obligatoirement salarié, nous vérifions
aussi la nature de son contrat de travail.
Pourquoi
faut-il voter SNJ ?
Le
SNJ a 100 ans cette année. Notre syndicat a toujours été à côté des
journalistes, et à l’origine des avancées majeures de la profession et à la
commission de la carte. Le SNJ s’est battu pour obtenir que les chômeurs
puissent conserver leur carte de presse pendant 2 ans, et pour que les
demandeurs puissent l’obtenir avec des revenus équivalents à la moitié d’un
Smic. Le SNJ est aussi en première ligne pour le combat pour les
photojournalistes, les plus soumis à la précarité imposée par les employeurs. A la commission, les élus SNJ regardent ces dossiers avec
bienveillance, au cas par cas.
Propos
recueillis par Véronique Hummel
(*)
La loi de 1935, dite « loi Brachard », fixe le statut de journaliste.
Elections à partir du 19 avril 2018. Attention, chaque journaliste doit voter deux fois :
une fois pour la commission nationale et la commission supérieure, une fois pour les correspondants
régionaux. Voir le site de la CCIJP.
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Flavien, candidat pour un 3e mandat
Flavien
Rosso, 48 ans, journaliste sportif au Quotidien de La Réunion (agence de
Saint-Pierre), est membre du SNJ depuis 1994. A l’exception de quatre années
passées comme enseignant à Madagascar, Flavien a toujours milité pour notre
syndicat. Depuis 2012, il est correspondant régional de la Commission de la
carte d’identité des journalistes professionnels, pour l’ensemble des
outre-mer. Il est candidat en 2018 pour un 3e mandat.
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